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Récits d’Aventures: Notre rando de 8h au Parc National des Gorges de Rivière Noire sur l’Île Maurice

Nous inaugurons ici une toute nouvelle catégorie d’articles sur le blog: Les Récits d’Aventures. Vous y trouverez nos expériences de voyages les plus fortes, celles qui nous ont le plus marqué et ont donné lieu à ces petits fragments d’histoires à travers le monde. En espérant que cela vous plaise, et vous souhaitant une bonne lecture.


Un beau matin, nous avons décidé de partir en randonnée dans le Parc National des Gorges à Rivière Noire sur l’Île Maurice, avec à la clé, une cascade. C’est donc vers 10h que nous sommes partis de chez nous à pied (n’ayant pas de moyen de locomotion et les bus n’étant pas très fiables au niveau des horaires) et que nous avons commencé notre périple vers la jungle.

Après avoir passé les bidonvilles, les logements sociaux et, quel contraste, la marina en construction, nous avons enfin débouché sur une petite route de campagne au milieu des cannes à sucre. Au bout de quelques kilomètres, la route commença à grimper à travers la forêt tropicale et ses habitants les moustiques. La vue était déjà impressionnante: des arbres dans les tons verts fluo à perte de vue sur des vallons et en contrebas de la route sur laquelle nous avancions: la rivière.

 

A midi nous étions arrivés à l’entrée du parc. Au milieu d’arbres géants, un petit panneau en bois sur lequel se trouvait la carte des sentiers nous indiqua que celui menant aux cascades serait trop long pour le temps dont nous disposions. Mais, après avoir regardé plus attentivement, nous avons pu remarquer qu’un ancien sentier menait à une autre cascade et malgré la mise en garde du garde forestier sur l’impraticabilité du sentier, nous nous sommes aventurés dans l’inconnu, sans plan, ni boussole et avec des téléphones affichant un réseau inexistant… Pas très prudent tout ça, qu’à cela ne tienne, nous la voulions cette cascade, et quoi de plus agréable que de se promener seuls à travers la jungle?

Nous avons donc entamé notre progression sur cette piste au départ bien dégagée à travers la forêt, marchant tranquillement pendant 1h jusqu’à une petite rivière au milieu de laquelle se trouvait une grande roche plate qui s’offrait à nous pour le déjeuner. Après cette courte pause, nous sommes repartis dans la jungle devenue de plus en plus hostile: le sentier était à peine visible, nous avions du mal à repérer les petits monticules de pierres servant au balisage tant la végétation était luxuriante, les cours d’eau à traverser ne se comptaient plus et le dénivelé devenait de plus en plus difficile avec un sol de terre humide sur lequel j’avais du mal à avancer munie de mes converses.

 

Deux heures plus tard, après avoir escaladé des rochers et un énième mur de terre, mon corps et mon mental ont dit stop et j’ai fondu en larmes. Il était à présent 15h, cela faisait donc 5h que nous marchions, la nuit n’allait pas tarder à tomber (il fait nuit entre 17h et 17h30 là-bas), il fallait penser au retour et toujours pas de cascade… Me voyant ainsi prête à abandonner si près du but, mon compagnon, plus fort que moi physiquement et mentalement, s’est approché, m’a prise dans ses bras et me regardant m’a dit: « Fais-moi confiance ».

C’est alors que j’ai pris tout mon courage et que je lui ai confié. Nous étions donc repartis et vingt minutes plus tard, nous l’avons trouvée: la cascade! Nous nous sommes alors sentis comme Léonardo Di Caprio découvrant la plage, après tant d’efforts, se retrouver seuls au bout du monde dans un lieu stérile de toute civilisation aussi beau était un sentiment magique. Etant à présent pressés par le temps pour faire le chemin du retour, nous ne sommes restés que trente minutes le temps d’une douche sous cette eau pure et sommes repartis en sens inverse.

 

Il fut agréable de réaliser que l’ascension pour venir ici se transformait en descente rapide vers le point de départ, aussi, en moins de deux heures nous étions de retour à l’entrée du parc où le dernier bus pour la ville attendait. Heureux à cette vision d’espoir d’un retour sans douleur pour nos pieds, nous nous sommes mis à courir en direction du bus en agitant les bras, espérant qu’il nous vois et nous attendent. Et sous nos yeux, il a démarré et s’est éloigné à travers la forêt… Haletants, les bras tombants le long du corps, les pieds ancrés dans le goudron et la bouche ouverte, nous avons donc du nous rendre à l’évidence qu’il fallait maintenant rentrer à pied.

Et nous sommes donc partis, côte à côte, éclairés à la lumière d’une lampe de poche sur la petite route de campagne sinueuse à travers la forêt, puis, les cannes à sucre. A 18h30, alors qu’il faisait nuit, nous étions face au premier arrêt de bus de la civilisation, fatigués par cette journée, lorsqu’un miracle se produisit: un bus plein à craquer s’arrêta juste devant nous. Et c’est avec joie et soulagement que nous sommes montés afin de parcourir les derniers kilomètres debout sur quatre roues.


N.B: En 2013, mon compagnon et moi-même avons vécu un peu plus d’un mois dans le village de Rivière Noire à l’Île Maurice, j’y étais pour une mission humanitaire au Pont du Tamarinier, association qui s’occupe de fournir des logements aux plus démunis, aider les communautés par diverses actions et apporter du soutien scolaire aux enfants. Bien que l’Île Maurice soit connue pour ses plages et hôtels de luxe, on oubli bien souvent qu’une grande partie de la population de l’Île vit dans des conditions précaires.

 


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