Récits d’Aventures: Traverser le désert de Nubie
Lors de notre voyage en Egypte en janvier 2018, nous avons eu la chance de pouvoir nous rendre à Abu Simbel, un magnifique complexe de deux temples édifiés sous Ramses II pour imposer le respect et la peur aux éventuels envahisseurs venant du Sud. Celui-ci se trouve au bord du Lac Nasser, en plein cœur du désert de Nubie. Partie orientale du désert du Sahara, il s’étend du sud-est de l’Egypte au nord-est du Soudan sur une superficie de 407 000 km². Pour s’y rendre depuis Assouan, une seule possibilité: traverser le désert via l’unique route 75.
Et c’est là que commence l’expédition… Quelle expédition me direz-vous? 3-4h de route ce n’est pas si horrible, en plus en groupe organisé et dans un bus? Certes, mais la difficulté n’est pas dans la durée, ni dans l’organisation et encore moins dans la qualité de la route qui je dois le dire, était très bien entretenue. La difficulté, ce sont les barrages de l’armée à passer à 3h du matin à l’aller et 16h au retour puisque ceux-ci ne s’ouvrent qu’à certaines heures. Et mieux vaut y être au bon moment si l’on veut pouvoir les franchir, dans un sens comme un autre. Les bakchich à donner aux militaires, droit de passage d’une route surveillée en permanence de par sa proximité avec leurs voisins du Soudan. La présence à bord du bus d’un policier armé d’un pistolet-mitrailleur, rassurant ou non selon le point de vue de chacun…
Il fut un temps ou des convois militaires étaient organisés car la région était jugée trop dangereuse pour y circuler librement. Ceux-ci n’ont été suspendus que récemment, seuls les check-points sont encore maintenus. Généralement, puisque il existe toujours des heures de passage, les convois d’aujourd’hui sont constitués de quelques bus se suivant, sans escorte militaire ou policière. Mais toutes ces informations mises bout à bout créent néanmoins une certaine tension lors du voyage. Car 3-4h aller, puis retour, au milieu de nulle part et livrés à la merci du bon fonctionnement du bus ou du bon vouloir des possibles djihadistes planqués dans un coin perdu attendant la venue de quelques touristes… c’est long.
Et notre imagination peut être débordante dans ce genre de situation! La preuve: je ne pense qu’il y ait de djihadistes dans le désert de Nubie, mais on y pense quand même lorsqu’on y est (merci la peur et l’appréhension). Autre info à savoir, une seule aire de repos existe sur cette route, se trouvant à mi-chemin entre Assouan et Abu Simbel, alors en cas de soucis (panne d’essence, pneu crevé…), mieux vaut ne pas s’arrêter loin car le réseau téléphonique n’est pas forcément très bon en plein désert…
Malgré tout ce qui « aurait pu arriver », tout s’est très bien déroulé. Le voyage s’est fait sans encombre, le paysage était de toute beauté et nous avons adoré assister au lever du soleil en plein désert (magique). Nous ne regrettons absolument pas cette excursion qui nous a permis de voir un des lieux dont nous rêvions depuis très très longtemps! L’aventure a donc été dans tous ces petits détails qui ont créé une certaine appréhension des lieux et de la situation. Après tout, n’existe-t-il pas plusieurs types d’aventures et le voyage en soi n’en est-il pas une?…
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